Au château de Louis le curieux.

_ Venez voir.
Disait-il.

Ils s’étaient une fois de plus donnez rendez-vous dans cette foret, à cet endroit – précisément.
Ils s’y rendaient souvent.
Certains avaient des kilomètres de murs pour encadrer des espaces tout aussi longs et larges – d’autres des espaces aérés immenses, pour ce genre de célébration.
Eux n’avaient qu’un petit espace rond, entouré d’arbres avec des bancs créant une circulaire afin que chacun puisse s’asseoir et discuter, et beaucoup d’imagination.
La grandeur de leur groupe n’étaient apparentes ni dans les murs, ni dans les pierres, pas encore assez dans l’encre qui rédige l’histoire, peu dans les mots de gens aux oreilles, pourtant ils savaient être l’élite de l’élite, ils savaient qu’ils dirigeaient le pays sans le diriger vraiment, que leur influence était imposante et importante comme une influence qui existe réellement mais les faits, bien que ceux-ci soit empreint d’héroïsme constant et de cette même constance à vouloir améliorer les choses et les conditions de leur habitat, leur pays, n’étaient pas encore révélés chaque soir au journal de 20h.
Le problème et le paradoxe, c’est qu’ils le voulaient autant qu’ils le craignaient – cette médiatisation, cette célébrité, comme ce papillon bénie d’ombre qui vient brûler sur cette ampoule de lumière.
S’ils voulaient le pouvoir et ses arrangements, non pour profiter de la misère des uns et de la candeur des autres, mais bien pour améliorer les choses avec sincérité… ils ne supportaient que trop peu la lumière.
Oui, c’était des hommes de l’ombre.
Oui, ce sont des hommes de l’ombre.
Pour la petite anecdote, une seule femme habitait leurs rangs.
Enfin…

_ Assieds-toi je t’en prie.
Ils travaillaient ensemble depuis quelques années maintenant… peut-être 4, d’autres affirmaient que 5.
_ Cet endroit est toujours absolument lunaire. Et la seule chose qui a véritablement changé c’est que maintenant, nous avons peur de son gardien de nuit, alors qu’autrefois nous l’ignorions tout à fait.
_ C’est bien triste d’y penser, nos quelques altercations avec la police nous a rendu plus effrayé qu’avant et je ne trouve cela beau sous aucun aspect.
_ Pas même celui de la morale ? Ces, « ils ne voleront rien », etc. ?
_ Non, j’ai déjà mes diplômes, je n’ai plus besoin que l’on me dise ce que je dois faire, et nôtre police est parfaitement infantile aujourd’hui.
_ Oui, enfin, cela passera car, en vérité, ce n’est pas la police de la France, mais celle de son ministre de tutelle… et Pain lui-même est en train de le déloger.
_ J’oublie trop souvent de le remercier… évidemment que cela va changer, alors nous aurons le droit ouvert de savoir si nous voulons voler des voitures ou non !
_ Je croyais que la question était réglée, que la police et surtout la prison te faisaient trop peur.
_ En prison, je ne trouverai que des ennemis qui n’auront sûrement pas oubliez que c’est moi-même qui les aient envoyé au trou, pour ces raisons scandaleuses de viol, de meurtre ou de ces je ne sais quoi qui nous agace, nous rendent triste, nous révoltent et nous arrachent encore ces larmes de… « pourquoi ? ».
_ Oui…
Un silence passa.
_ Tu voulais me dire quelque chose ?
_ J’ai fais un rêve cette nuit, et je voulais t’en parler.
Un sourire.
_ Je t’écoute.
L’homme alluma une cigarette.
_ Je sais que tu crois en la réincarnation.
_ Oui.
_ Tu ne t’es jamais dis que si cela se trouvait nous n’arpenterions peut-être pas la terre ensemble pour la première fois ?
_ La similarité des âmes qui se réincarnent pas trop éloignées les unes des autres parce que cela fonctionne ? Je ne me le suis jamais dis ouvertement mais j’y ai déjà pensé, il est peut-être même envisageable que je puisse y croire.
_ Et bien mon rêve parlait de ça. Toute nôtre équipe aujourd’hui, treize membres si je ne dis pas de bêtise, et bien – la moitié, au moins – était présente lors de cet événement.
– Quel événement ?
_ Louis XIV. Le roi préféré des français, pas de nous, je le sais, mais Louis XIV. Alors même qu’il existait, nous existions aussi. Et pour la moitié d’entre-nous, nous nous rendions au château de Versailles alors que nous avions joins au Roi une demande explicite de visite dans le but le plus absurde de faire connaissance. Il avait entendu parlé de nous. Je crois que nous étions de la Kabbale à l’époque, et nous avait donc reçu. Pour la moitié d’entre-nous donc, ce qui est hallucinant si nous y pensons, nous franchissions alors les grilles du château pour nous rendre dans son enceinte principale. Le Roi nous avait reçu directement. Il faut savoir que nous nous y étions rendus pour l’aura de l’humour, nous n’y pensions – déjà à l’époque, rien de sérieux. Nous voulions nous amuser. Et alors que le Roi nous faisait visiter ses murs et nous posait des questions sur nos vies, nos habitudes, notre richesse – cela m’avait d’ailleurs amusé, il semblait si intéressé par l’or et si pauvre en tous états, mais enfin, cela n’était pas catholique de le penser. Les lits, les rideaux, l’histoire même, car même si ce Roi n’était pas très important pour nous, pour nos affaires à Paris, oh, étions-nous vraiment de Paris, je l’ignore, étaient d’une noblesse renversante. Nous étions les parfaits intrus de cette scène de jeux quotidien où le Roi soleil dansait et admirait sa cour tout en désirant ardemment contrôler son propre pays. Et nous, intrus de la première heure, rieurs, nous n’avions rien à faire ici. Déjà à l’époque nous savions danser, et nous le faisions, autours de Louis le quatorzième. Nous croisions nos regards, sourions et rions souvent pour se moquer ouvertement de ce soleil bien fade et beaucoup trop extravaguant quant à ce que nous connaissions l’Astre. Nous étions venus pour rire, et nous rions.
« Ceci est le lit où nous couchons, avec la Reine » avait sortit de son chapeau ce Roi aux nobles légendes et aux tristes réalités. Te rends-tu compte, « Ceci est le lit où nous couchons, avec la Reine » nous avait-il dit, alors que nous, fous d’humour, rieurs et moqueurs incessants de toutes les bêtises de ce Monde, nous avions entendus. Je ne sais si cette époque est la plus belle pour ce que nous sommes et aspirons à devenir, bien que cela ne soit pas tout à fait défini encore, mais je peux te promettre que nous rions dans une complicité dont seul le Roi Louis XIV était exempt. Et nous continuons à danser, à émettre et suggérer, à parler au Roi, à définir nos vies, très intéressantes, cela va de soi, je crois que tu étais toi-même un Haut Personnage de Paris qui avait trouvé sa noblesse et son miroir dans les égouts de Paris alors que tu lui racontais tout cela, les aventures d’un soir que bien sûr tu n’avais jamais vécu, mais il y avait de cela dans ce magnifique show, cette énergie de complicité qui rendait tout possible, jusqu’à mentir à la face même du Roi. Et que cela était drôle. Il y avait au moins, toi, moi, M, et B, je crois qu’il y avait aussi K et T, mais je ne saurais t’en assurer.
« Ici sont les chaises à excréments », disait le Roi, nous expliquant que derrière cet apparent dégoût pour la chose il en relevait de la Nature ce qui anoblissait cela. Tu m’étonnes alors que tes histoires inventées dans les égouts eurent étreints le Roi. Avec les mots d’aujourd’hui, je te le dis ainsi, un classique, c’était un classique. Non seulement nous avions réussi à nous rendre au Château de Versailles, pour rencontrer exclusivement le Roi, qui nous avait reçu seul, sans sa cour, sans ses écrivains, sans ses chanteurs, danseurs et autres serviteurs de l’Art. Nous, seuls et nous marchions, rions, subtilement de ce Roi de lorgnette. Et je suis tellement sûr que nous étions ensemble, déjà à cette époque… car je suis sûr que tu te rappelles de ceci. Ecoute-bien. Alors que nous discutions de rien et de rien avec le Roi Louis le Quatorzième, une femme vint nous voir et prononça ces mots:
« Voulez-vous coucher ? », elle demanda cela à B.
Ecoute-bien, il répondit exactement cela:
« Madame, nous sommes gays ».
« Tous », demanda-t-elle.
B, dans l’intention de n’en frustrer aucun qui aurait alors eu envie d’une partie de jambes en l’air, dit seulement: « Madame, demandez-leur, mais mon cas est assuré ».
Et elle nous demanda alors, à tous, et nous avons tous répondu la même chose alors même que nous nous entendions peu le dire…
Tous, B, M, K, T, toi et moi, nous avons répondu ceci.
Et je dois reconnaître que ma réplique fût encore plus cinglante que les vôtres, car alors qu’elle me proposa je répondis:
« Pardonnez Madame mais je suis gay, ce qui n’est pas le cas du Roi ».
Alors même que j’étais le dernier d’entre nous à répondre, elle partit coucher avec le Roi et nous quittions le Château fort de cette expérience extraordinaire.
Nous avions réussi à faire coucher le Roi avec une parfaite inconnue.
Est-ce que cela te dit quelque chose ?
_ Très honnêtement ? Oui. Cela me parle. C’est une histoire tout à fait hallucinante et je suis presque sûr que nous l’avons vécue ensemble.
_ Ce qui renforcerait cette grande idée de croire que nous traversons les époques ensemble.
_ Nous ne pouvons forcer des âmes qui s’aiment à ne pas s’aimer d’avantage.
_ Je ne crois pas que ce soit affaire d’amour, mais je vois oui.

Ainsi se termina la discussion de celle et ceux qui encore aujourd’hui oeuvre pour le Bien du Monde à l’orée de quelques arbres dans un coin d’un endroit gardé secret dont le gardien leur faire peur.

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